Monique Dufresne, Directrice générale de la Maison de l’Initiative
CAE

Monique Dufresne

Directrice générale de la Maison de l’Initiative

Une coopérative d’activité pour l’entrepreneuriat féminin 

La Maison de l’initiative est une coopérative d’activité et d’emploi (CAE) située à Toulouse. Elle a d’abord démarré en 1994 sous la forme d’un centre de formation à destination des femmes des quartiers, déjà sous statut Scop-SARL, qui souhaitaient créer leur activité et être accompagnées. Elle est devenue une CAE sous forme de Scop-Sarl en 1999 avec les mêmes objectifs. En 2006, la Maison de l’initiative s’ouvre aux hommes comme aux femmes. En grandissant en 2014, elle est passée sous un statut de Scop-SA et compte désormais 145 salariés et 62 associés. Ses actions restent largement centrées sur l’égalité femmes-hommes.

« Il y a vingt ans, les questions de l’autonomie des femmes et de l’entrepreneuriat féminin étaient vraiment nouvelles, en particulier pour les femmes en difficulté d’insertion dans des quartiers sensibles. Les porteurs du projet de la Maison de l’initiative ont voulu au départ avoir ce double positionnement : mener des actions spécifiques tournées vers les femmes et participer au développement local. Il s’agissait, comme aujourd’hui de formations qui leur permettent de prendre la parole et de construire leurs projets, dont certains peuvent aboutir à la création d’entreprises. Nous les faisons réfléchir à leurs approches, notamment en ce qui concerne la gestion de leurs temps de vie. Nous les faisons travailler également sur la confiance en soi, au travers d’innovations pédagogiques (méthodes prises à l’auto-défense, approches corporelles, etc.). On propose aussi des ateliers d’écriture qui ont abouti à la publication de plusieurs livres.

Pour aider les femmes à aller jusqu’au bout de leur projet, nous avons commencé à observer les possibilités de pépinières qui pouvaient exister. Nous avons rencontré Cap Services, la première CAE qui venait de se créer, et qui permettait de tester son projet d’entreprise, avec une certaine forme de sécurité, car on était salarié de la coopérative. Ce format d’entreprise partagée nous a convaincues et nous avons créé la deuxième CAE en France après Cap Services en 1999. Aujourd’hui, nous sommes identifiés comme une CAE. La question de l’égalité femmes-hommes continue de traverser l’ensemble de nos interventions : toute l’équipe salariée est sensibilisée à ces questions au travers d’une formation élaborée en partenariat avec l’Université de Toulouse.

Notre développement s’est fait par étapes. En 2006, la CAE est devenue mixte accueillant aussi bien des entrepreneurs-salariés que des entrepreneuses-salariées. En 2014, la Maison de l’initiative a ouvert une antenne en Ariège pour répondre à des besoins locaux. Enfin, plus récemment, nous avons porté une attention particulière à la situation des personnes malentendantes, en accueillant aussi des personnes avec des projets en cours. Nous apportons également une aide aux femmes entrepreneures en outremer, qui trouvent peu d’accompagnement auprès des acteurs classiques de la création d’entreprise. On le voit, la CAE mixe les profils de salariés-entrepreneurs et c’est intéressant.

« L’activité économique ne se développe pas dans n’importe quel cadre, mais bien dans un cadre coopératif, qui a aussi des objectifs de transformation économique et sociale. »

Evidemment, l’aspect coopératif, d’entreprise collective est aussi très important. L’activité économique ne se développe pas dans n’importe quel cadre, mais bien dans un cadre coopératif, qui a aussi des objectifs de transformation économique et sociale. Il y a donc jusqu’à présent une forte incitation au sociétariat, au bout de deux ans de présence dans la Scop, aspect des choses qui vient d’être renforcée par la loi ESS rendant le sociétariat obligatoire au bout de trois ans dans les coopératives d’activités et d’emploi. Dans notre conseil d’administration, les administrateurs sont aussi pilotes des commissions que nous avons mises en place : santé au travail, burn out, etc., car nous voulons que la coopérative soit pleinement protectrice. Par ailleurs, notre présidente est une entrepreneure-salariée.

De fait, la Maison de l’initiative a été à l’origine de nombreuses Scop, créées par d’anciens salariés. Elle est aussi membre fondatrice du PTCE Le Périscope, un pôle de développement de l’économie sociale et solidaire. Celui-ci s’est installé en novembre dernier dans de nouveaux locaux ; il s’attache, comme la CAE, à l’accompagnement dans la création d’entreprises. Parmi nos autres projets, nous poursuivons notre travail avec d’autres acteurs locaux. Avec Madeeli, l’agence régionale de l’innovation, nous avons mis en place un module Intégrer les notions d’égalité dans la création d’entreprises. Cela reste l'un des moteurs fondamentaux de nos actions. »

Janvier 2016