Mangez Bio Isère
En 2005, des producteurs et transformateurs situés en Isère se sont associés pour approvisionner la restauration collective, gérer la logistique et trouver de nouveaux clients. « A la base, Mangez Bio Isère était une initiative de quelques producteurs avec un objectif très clair : trouver une solution ensemble pour livrer les cantines scolaires » explique Lyderic Motte, directeur de la Scic Mangez Bio Isère, créée en 2015. « Nous souhaitions être un acteur important dans la filière agroalimentaire, de la production à la cuisine tout en respectant un partage équitable de la valeur ajoutée des productions et une juste rémunération pour les producteurs. Nous avons voulu créer un outil de développement au service des agriculteurs » indique Franck Rousset, président de la coopérative.
Être l'interface entre l'offre et la demande
« Nous centralisons à la fois l’offre de produits biologiques et locaux disponibles sur le territoire et la demande des professionnels de la restauration et de l’alimentation » ajoute-t-il. Pour gérer ce flux de marchandises, la société s’est dotée d'un outil en ligne « Panier local », qui permet de gérer les commandes, le stock, la comptabilité, la gestion des membres, etc. La distribution est assurée en collaboration avec Fret Froid Service et Tout en vélo. Aujourd'hui, la coopérative travaille avec l'ensemble des branches de la restauration collective en gestion directe ou concédée (scolaire, entreprise, médico-social, petite enfance) et la restauration commerciale, notamment des restaurants biologiques au centre-ville de Grenoble.
Un réel engouement
Leur volume d'affaires a connu un vrai boom, attestant de l'engouement croissant pour une alimentation biologique de proximité. « Il y a une très forte demande sociétale aujourd'hui » confirme le directeur. « Mangez Bio Isère, c'est une centaine de producteurs, 19 salariés, 80 livraisons par semaine et environ 250 établissements approvisionnés sur l'ensemble du département. »
L'impact de la crise
« La restauration hors foyer représente 80 à 85 % de notre CA. En mars, toutes nos activités se sont arrêtées du jour au lendemain avec un retour de nos marchandises. Heureusement, le bouche à oreille a fonctionné. Nous avons pu écouler 80 % de nos retours. Un élan de solidarité est apparu entraînant la création de groupements d'achats à l'échelle d'un quartier, d'une rue ou d'un immeuble » argumente Franck Rousset. Cette crise a aussi renforcé leur relation commerciale avec les magasins spécialisés (Biocoop, Eau vive, etc.) qui ont dû faire face à une forte demande de produits locaux. « En plus d'avoir perdu 50 à 60 % de notre CA, de mars à juin, ce fut une véritable onde de choc sur le plan humain. La cohésion de l'équipe a durement été impactée. Une révision de notre management, de notre organisation est en cours. Le redémarrage de notre activité sera le moteur de notre organisation interne. Et c'est bien parti ! Les chiffres sur septembre sont encourageants : 60 à 70 % de reprise » explique le directeur.
Avenir en demi-teinte
Parmi les pistes à venir : la restauration hors domicile et une évolution des services pour les producteurs. Mais, comme le confie Lydéric Motte « On est encore dans le rebond, et même si nous ne savons pas comment la situation va évoluer, nous misons sur une dynamique de développement avec un projet stratégique à l'horizon 2030 ».