Maison Familiale de Provence

Accompagner un projet d’habitat participatif sur la commune de Mallemort, dans un site naturel valorisé et classé Natura 2000 : c'est le défi qu'a su relever la Maison Familiale de Provence.

Dans les Bouches du Rhône, le programme immobilier « Les Pipistrelles de la Durance » à Mallemort, porté par la Maison Familiale de Provence (Coopérative HLM – MFP), est une parfaite illustration d'une coopération réussie autour d'un projet d'habitat participatif. Inscrit dans l'aménagement d’un parc boisé communal, avec des jardins et espaces partagés ainsi que des habitats collectifs, la coopérative HLM a répondu favorablement à la commune, venue la chercher. Promoteur, mais aussi partenaire et facilitateur du projet, la MFP a réalisé un projet immobilier innovant et ambitieux à vocation sociale.

Une offre immobilière à plusieurs enjeux

La volonté politique de la commune, la gestion ambitieuse du projet et l’implication d'un collectif d'habitants animé par REGAIN (structure spécialisée dans l’Habitat Participatif) ont permis de développer une offre immobilière accessible au plus grand nombre, soit 30 logements : 15 en locatif social gérés par Grand Delta Habitat, et 15 en accession sociale commercialisés par la MFP. « C'est une opération immobilière emblématique cumulant plusieurs enjeux : produire du logement abordable en mixité sociale, répondre à une volonté politique, imaginer un projet participatif et intégrer une démarche écologique. La ville souhaitait une opération très poussée sur ces aspects-là. Il n'y avait pas beaucoup de projets immobiliers de ce type en région PACA » explique Christian Abbes, Directeur général de La Maison Familiale de Provence. « La commune, propriétaire du terrain, voulait un aménagement pour un projet d'habitat participatif. Elle est venue nous chercher car elle avait entendu parler de nous, et de nos valeurs coopératives » argumente-t-il. Elle a mis gratuitement à disposition un terrain en posant des conditions, à la fois collectives (associer les futurs ménages, répartir les espaces entre privés et partagés), sociales (faire appel à une entreprise d'insertion) et écologiques (intégrer des éléments bio-sourcés). Le coût des travaux s’élève à 3,35 millions d’euros HT.

Démarche participative et éco-construction

Dès 2019, la MFP a organisé des ateliers participatifs (choix collégial du maître d’œuvre, conception participative du projet, etc.) puis un groupe d’habitants s'est constitué sous le nom des « Pipistrelles de la Durance ». Au-delà du profil social et économique des futurs locataires et accédants, ils se sont rassemblés autour de valeurs communes, construire un mode de vie et habiter ensemble. La majorité d'entre eux sont des personnes seules (célibataire, divorcé ou veuve) qui ont le besoin et la conviction qu’un autre mode de vie est possible, axé sur la solidarité, l'intergénérationnel, la responsabilité et l'écologie. « Nous n'avons exigé qu'une seule condition pour le recours à l’auto-construction, à savoir circonscrire les risques. Nous avons donc mené l’expérimentation uniquement sur la salle commune et non sur les espaces privatifs afin de pouvoir assurer la livraison des logements en cas de retard sur le chantier en auto-construction. En outre,  pour disposer d’une garantie décennale, les éléments réalisés de cette manière par le groupe d’habitant ont été encadrés par des professionnels qualifiés » explique le directeur général. Ce fut donc la pose de l'isolation de la maison commune qui a donné lieu à un chantier en auto-construction en bois-paille par les futurs résidents. L'opération est en chantier, et la livraison devrait être effective au printemps 2024.

Une coop HLM précurseuse

La ville a soutenu le projet en apportant une subvention (150 000 €) permettant de financer la moitié des espaces partagés qui sont un des enjeux forts du projet, et en se portant co-garante des emprunts. Fin 2021, le chantier du programme d’habitat a démarré. « La coop HLM est une petite société avec de petits moyens, qui s’est lancée dans un projet où leur marge est de 0. En tant qu'opérateur, nous avons préfinancé toute la réalisation de l’opération et nous sommes allés taper à toutes les portes. Pour l'aspect écologique, ce fut auprès de la Dreal (60 000 €), la Région pour l'accession sociale (45 000 €), et le Département (214 000 €) pour équilibrer la partie locative. Nous avons aussi bénéficié du fonds de soutien pour l’innovation (41 512 €) » explique Nicolas Escande, responsable du montage du projet. Pour Christian Abbes « Nous étions favorables à l'idée même si nous ne connaissions pas tous les rouages administratifs, toutes les possibilités et réglementations. Même si la coopérative a perdu de l'argent, nous sommes fiers d’y avoir participé et d'avoir été précurseurs de cette démarche » se félicite le directeur.

Une reconnaissance bien méritée

La MFP a reçu un prix à l'occasion des « Trophées des Opérations Remarquables » organisés par la Fédération nationale des coopératives HLM. Comme le dit Christian Abbes « ce prix a une valeur symbolique. Ce projet a ouvert une brèche pour les autres HLM, qui même s'il n'est pas duplicable en l'état compte tenu d'une conjoncture économique différente, peut donner des pistes ».

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