Les banques coopératives multiplient les bonnes pratiques
La parité est respectée dans les conseils d’administration des grandes banques coopératives, qui sont soumises à la loi Copé-Zimmermann et se sont mis progressivement en conformité. Et les bonnes pratiques se sont répandues.
Intégrer dans les statuts l’obligation de présenter un homme et une femme pour tout siège à pourvoir
Le réseau des Caisses d’Epargne est en conformité avec la loi Copé-Zimmermann depuis 2015. Pour parvenir à atteindre l’objectif des 40% de femmes aux conseils d’orientation et de surveillance, les Caisses d’Epargne ont intégré dans leurs statuts en 2014 l’obligation de présenter une femme et un homme pour tout siège à pourvoir.
Le renouvellement général de la gouvernance des Caisses d’Epargne est en cours. Les conseils d’administration des Sociétés locales d’épargne ont été renouvelés pour six ans en janvier 2021.
Fédérer un réseau de femmes pour promouvoir la mixité
Le Groupe BPCE a également créé dès 2012 un réseau de femmes qui a pour mission la promotion des femmes dans l’encadrement et les postes à responsabilités. Nicole Etchegoïnberry, présidente du directoire de la Caisse d’Epargne Loire-Centre, préside également le réseau des Elles du Groupe BPCE. Docteure en informatique, Nicole Etchegoïnberry a traversé les banques mutualistes et coopératives : la Fédération du Crédit Mutuel Midi Atlantique, la caisse régionale du Crédit Agricole Mutuel de Toulouse et la Caisse d’Epargne de Midi-Pyrénées. Très engagée en faveur de l’accès des femmes aux fonctions managériales, elle avait créé en 2011 le réseau Financi’Elles.
L’association Les Elles du Groupe BPCE a vocation, en particulier, à fédérer les réseaux de femmes du groupe, plus de 350 aujourd’hui. Un blog est consacré aux actions des femmes du secteur bancaire pour promouvoir la mixité. Sont également organisés des rencontres annuelles, des échanges de bonnes pratiques, des petits déjeuners du Directoire, du mentoring, etc.
Créer un réseau de mixité et signer une charte d’engagement
Le Groupe Crédit Agricole a fédéré en 2018 ses différents réseaux de mixité* au sein du « Cercle Potentielles », avec pour ambition de se positionner comme « influenceur » d’idées innovantes auprès des directions générales et des directions des ressources humaines du Groupe. A cette occasion, une charte d’engagements a été signée entre la Direction Générale et les réseaux, pour favoriser les avancées de la mixité au sein du Groupe.
*AMUNDI Women Network, LC’Elles, Potentielles CA Assurances, Potentielles CA Corporate & Investment Bank, Potentiel(le)s CA L&F et Potentielles Crédit Agricole S.A.
L’engagement du groupe Crédit Agricole S.A. en matière d’égalité entre les femmes et les hommes se traduit notamment, depuis plusieurs années, par une accélération de la féminisation de ses instances dirigeantes, au niveau du Comité exécutif, de 6,5% en 2016 à 25% en 2021 (31% en mai prochain) comme des plus hautes instances dirigeantes des 11 métiers du groupe désormais toutes féminisées (évolution de 19% à 24% en 4 ans). Le Groupe se fixe un nouvel objectif : 30% de femmes parmi les dirigeants du premier cercle à horizon 2024, en complément de l’objectif de 30% de femmes parmi les instances dirigeantes du Groupe à horizon 2022.
Un binôme mixte à la tête de la direction générale d’un grand groupe bancaire
Un vent de modernité souffle sur la direction générale du Crédit Mutuel : son directeur général part en congé parental et c’est sa directrice adjointe qui assumera la direction en son absence. Une première !
ENTRETIEN
« Le Crédit Mutuel : une Confédération à deux voix et à deux genres », entretien croisé entre Pierre-Edouard Batard, directeur général, et Isabelle Ferrand, directrice générale adjointe de la Confédération générale du Crédit Mutuel
Coopératives agricoles : un quart des chefs d’exploitations agricoles sont des femmes
Selon La Coopération Agricole(1), seulement 8,4% des administrateurs de coopératives agricoles sont des femmes alors qu'elles représentent un quart des chefs d'exploitations agricoles (24 voire 29% si on rajoute les co-exploitantes selon la MSA). Pourquoi ce faible taux de représentation ?
- Premier élément de réponse : les coopératives agricoles ne sont pas contraintes par la loi Copé-Zimmermann qui rend obligatoire une représentation de 40% de femmes dans les conseils d’administration des entreprises cotées, de plus de 50 millions d’€ de chiffre d’affaires et de plus de 500 salariés.
- Mais c’est sans doute du côté de la légitimité qu’il faut regarder. Les présidentes de coopératives agricoles en témoignent, les agricultrices n’osent pas et ne se sentent pas légitimes. Aujourd’hui, on compte 2 000 administratrices et une dizaine de présidentes de leur coopérative, dont certaines de très belle taille.
(1)Observatoire de la gouvernance des coopératives, Association nationale de la révision
PORTRAITS
>Annick Brunier, administratrice de la coopérative Limagrain depuis 2012
« Mon premier souvenir de coopération remonte à 1971 quand j’accompagnais mon père dans les champs de maïs puis en 1975 lorsque mes parents sont partis en voyage aux Etats-Unis avec Limagrain; petite fille, j’étais émerveillée. Pour moi à l’époque la coopérative c’était l’ouverture et l’émancipation »
>Sylvie Alem, viticultrice et présidente de la Cave coopérative de Monbazillac depuis 2009
Elle succède à Annette Goulard, à l’époque première présidente historique d’une cave coopérative. 50 viticulteurs, 950 ha de vignes, 9 millions d’€ de chiffre d’affaires et le château de Monbazillac qui reçoit 50 000 visiteurs … une grosse PME.
1 Scop sur 4 dirigée par une femme
A fin 2020, 28 % de l’ensemble des dirigeants des Scop et Scic sont des femmes. Elles sont présentes dans tous les secteurs d’activité ; on retrouve les plus fortes proportions de dirigeantes dans l’éducation, la santé et l’action sociale où 44 % des membres de la direction sont des femmes, dans le commerce (38 %) et dans les services (31 %). Près de 35 % des dirigeantes de Scop et Scic ont 35 ans et moins.
De nombreuses pratiques existent dans le réseau Scop qui pourraient inspirer l’ensemble des coopératives en matière d’égalité femmes-hommes : conseil d’administration mixte chez Fontanille, Scop issue d’une reprise d’entreprise, charte de respect entre les femmes et les hommes chez Scot Thermoformage, parité inscrite dans les statuts de la coopérative d’activité et d’emploi parisienne Coopaname, index égalité professionnelle 2019 de 98/100 pour la Scic d’insertion Ateliers du Bocage…
BONNES PRATIQUES
Calligée, la co-gérance pour partager les responsabilités
La Scop Calligée est un bureau d’études scientifiques dans le domaine du sol, de l’eau et de l’environnement, à Nantes. A son départ en retraite, sa dirigeante transmet l’entreprise a un collectif salarié en 2017, accompagné par l’Union régionale des Scop.
Sa PDG Aurélie Ricaud, a fait le choix de la co-gérance, « pour pouvoir partager les responsabilités ». Le fonctionnement de l’entreprise n’a pas changé, seule sa gouvernance. Aurélie Ricaud témoigne, c’est plus sécurisant d’être à deux. « J’apprends petit à petit, je me forme ».
Quotas, l’équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle
Sandrine Sallaberry, gérante de la Scop Quotas spécialisée dans le marketing et les études de marché créée en 1992, a choisi le modèle coopératif en 2013 pour donner du sens au travail de ses salariés. En 2018, elle va plus loin en mettant en place un management 100% libéré.
L’équipe, composée de 5 femmes a cherché un meilleur équilibre entre vie professionnelle et vie personnelle et une autonomie de travail. Chacune est ainsi libre d’organiser sa semaine de travail. L’absence de pouvoir et de contrôle du travail n’est pas une entrave au fonctionnement global. Des réunions hebdomadaires permettent de faire le point sur les dossiers en cours, partager des conseils, aider, féliciter ou remercier.
Résultat ? L’équipe constate une diminution du stress, moins d’absentéisme, plus d’initiative, une adhésion collective à la culture d’entreprise et même une hausse du chiffre d’affaires (+30%) et des bénéfices de l’entreprise (+15%) (en 2018).
Les coopératives d’artisans se mobilisent pour faciliter l’accès des femmes à leur conseil d’administration
En 2019 la loi PACTE a facilité l’accès des coopératives artisanales à tous statuts de conjointes d’artisans et de fait, aux fonctions de présidence et de gérance. Dans la continuité de cette avancée législative, la Fédération française des coopératives d’artisans (FFCGA) a décidé de diffuser à ses adhérents un bulletin d’adhésion type qui permettra à toute entreprise artisanale de désigner une autre personne que le chef d’entreprise pour la représenter au sein de sa coopérative, au moment de son adhésion.
Dans la plupart des cas, l’artisan indique en effet son nom parce qu’il ne lui est pas proposé d’inscrire une autre personne que lui-même, alors que la personne compétente est parfois la conjointe qui suit la gestion, les RH, la comptabilité, les relations clients… Cette pratique permettra de faciliter la montée des femmes dans les conseils d’administration et les gérances qui seront identifiées et légitimées.
TEMOIGNAGE
« Quand une femme souhaite prendre des responsabilités dans une coopérative artisanale, elle le peut ! », Corinne Vossion, présidente de la Coopérative des Artisans Plombiers Chauffagistes Electriciens du Loiret (CAPCEL)
Les coopératives de commerçants demandent l’adaptation de la condition de parité aux spécificités coopératives
Depuis le 1er janvier 2020, la règle de parité à 40% s’applique aux SA d’au moins 250 salariés. Elle concerne donc les coopératives de commerçants SA, à capital variable. Une application mécanique, selon la Fédération du Commerce Coopératif et Associé qui ne prend pas en compte le fonctionnement spécifiques des conseils d’administration de coopératives et qui pourrait conduire à des situations de blocage. La coopérative ne peut pas faire entrer dans son conseil d’administration des personnes non associés, à l’instar de la SA classique. Faute de nombre suffisant d’associés candidats des deux sexes dans leur réseau, les coopératives de commerçants pourraient se retrouver dans l’incapacité de respecter cette règle.
La FCA propose d’adapter la condition de parité aux spécificités coopératives en intégrant la notion de « proportion d’associés des deux sexes pouvant prétendre à la qualité d’administrateur ».
Il s’agirait d’ajouter à l’article L. 124-16 du Code de commerce, un alinéa 2 ainsi rédigé :
« Dans une coopérative constituée sous forme de société anonyme, les administrateurs ou les membres du directoire et du conseil de surveillance sont des personnes physiques ayant soit la qualité d'associé, à titre personnel, soit la qualité de président du conseil d'administration, de directeur général, de membre du directoire ou de gérant d'une société ayant elle-même la qualité d'associé.
Le conseil d'administration est composé en recherchant une représentation équilibrée des femmes et des hommes au regard du nombre de femmes et d’hommes pouvant effectivement prétendre à la qualité d’administrateur, de membre du directoire ou du conseil de surveillance ».
TEMOIGNAGE
« Au sein de Biomonde, la place des femmes se fait naturellement », Marjorie François, présidente de la coopérative de magasins bio indépendants Biomonde Solidarité