Face à la crise, Les coopératives font mieux que résister
Avec la crise sanitaire, 2020 et 2021 ont été « annus horribilis »... Pour les coopératives, elles ont été années démonstratives d'une capacité d'adaptation et de rebond étonnante. Non qu'elles n'aient en aucune façon été touchées par les effets de la crise. Mais, comme dit un responsable coopératif, « leur modèle est sans doute plus solide, car basé sur la mutualisation et l'entraide ». N'est-ce pas justement cela que réclament les Français pour ce « monde d'après » dont on parle tant ?
Réactivité et souplesse
Réunissant avant tout des femmes et des hommes autour de projets économiques, les coopératives, quelles que soient leurs formes (de production, d'intérêt collectif, d'artisans, de commerçants, maritime, agricole, d'activités et d'emploi, de consommateurs, etc.), privilégient une approche collective de ce qu'est l'entreprise, une forme participative où le lieu de la décision, de la concertation est au cœur de la structure et non dans quelque lointain centre décisionnaire plus ou moins anonyme. Dans la coopérative, intérêts communs et projet partagé constituent les atouts numéro 1 en situation de crise. Les dix coopératives dont on lira les témoignages le prouvent. La « puissance fédératrice » du modèle génère réactivité, souplesse et solidité : Krys Group estime sortir « renforcé de la crise » en ayant réagi et lancé un véritable « plan Marshall » d'investissement ; la crise a joué un rôle d'accélérateur dans la coop d'artisans Coopéré ; les commerçants associés estiment que leur modèle « permet de réagir rapidement pour se réinventer efficacement. » Et l'entraide n'est pas un vain mot : la coopérative Maïsadour a fait appel à une consœur du Val de Sèvre lorsque la grippe aviaire a perturbé sa production et la Scop Very'Fiable a été d'abord hébergée dans une coopérative d'activités et d'emploi avant de voler de ses propres ailes ! La solidarité ne se joue pas qu'à l'intérieur de l'entreprise.
Nouvelles aspirations : les exemples existent déjà
Les coopératives ont également su percevoir, à travers la crise, l'évolution des demandes et aspirations de la société. Se nourrir plus local et plus sain, ne pas vivre que pour le travail, mettre un peu d'eau dans le vin aigre de la croissance à tout crin, rendre un service qui a du sens, œuvrer pour l'intérêt commun, être plus responsable dans ses actes de production et de consommation, avoir le souci de l'environnement et de la préservation des milieux naturels, avoir un impact positif sur les territoires... Tout cela, les coopératives ne se contentent pas de le dire et de le promouvoir. Elles le prouvent en montrant comment elles agissent et les effets qu'elles produisent. Lorsque 85 coopérateurs relancent un commerce de proximité puis une auberge dans un village de 180 habitants (Ma Coop La Vie au vert), quand 220 associés redonnent vie à un patrimoine industriel qui sans eux aurait été définitivement perdu (MontCapel), quand une coopérative soutient l'installation de paysans (Terracoopa) ou met en place des systèmes originaux de collecte de déchets et de compostage (Trans-Massilia), quand des pêcheurs s'engagent dans « Pechpropre » et « Recypêche » (Copeport), etc., ce sont bien des actes terre à terre (ou mer à mer), et non des idées en l'air (bien que les idées ne manquent pas !).