[ÉTUDE] Egalité professionnelle, parité : où en sont les coopératives ?
La place des femmes dans les coopératives est plus favorable que dans le reste de l’économie privée, mais elles n’échappent pas aux inégalités professionnelles de genre, selon une étude de l’Observatoire national d’ESS France, commanditée par Coop FR.
L’étude réalisée par l’Observatoire national d’ESS France pour Coop FR est une photographie en matière d’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes et de parité dans les coopératives, de 2016 à 2018 pour l’emploi coopératif et en 2020 pour la gouvernance.
Elle vise à dresser un état des lieux chiffré sur le sujet au sein du monde coopératif en interrogeant plusieurs indicateurs : la mixité, l’accès au poste à responsabilité, les inégalités salariales ou encore les conditions de travail.
Coop FR répond ainsi aux engagements issus de sa « Charte des engagements sur l’égalité femmes-hommes » publiée en 2019, plus précisément « collecter des données sexuées » et « sensibiliser nos membres à l’égalité entre les femmes et les hommes et à la parité ».
Principaux enseignements
Les coopératives, comme d’autres champs de l’économie, n’échappent pas aux inégalités professionnelles de genre, non seulement du fait de leur structuration sectorielle, mais aussi de la perpétuation d’inégalités dans la répartition des fonctions occupées par les hommes et les femmes, à la défaveur de ces dernières (ségrégation horizontale et verticale). L’observation fine de la place des femmes dans les coopératives, ainsi que de leurs conditions de travail, montre toutefois une situation légèrement plus favorable sur certains indicateurs dans les coopératives que dans le reste de l’économie privée.
La coopérative est un modèle entrepreneurial mixte, avec 48,7% de femmes.
Cette répartition genrée des emplois se rapproche sensiblement de celle de l’ensemble de l’économie (49%) et se distingue de l’économie sociale et solidaire, notamment des associations, et du secteur public (66,9% et 63%).
[Modèle mixte : les femmes et les hommes représentent entre 40 et 60% des effectifs en emploi]
Les femmes sont regroupées, pour la grande majorité d’entre elles, dans les activités financières et d’assurances.
Les femmes sont regroupées, pour la très grande majorité d’entre elles, dans les activités financières et d’assurances : 67,3% des femmes salariées de coopératives s’y concentrent ; et 43,5% des hommes qui sont mieux répartis sur l’ensemble des secteurs.
Les femmes comme les hommes sont davantage en CDI (à 90%) que dans le reste de l’économie privée (85,7%).
L’analyse de la répartition genrée par type de contrats de travail ne révèle pas de différences significatives entre les femmes et les hommes : les femmes comme les hommes sont près de 90% à être salariés en CDI dans les coopératives. Seules 5,8% des femmes travaillent en CDD dans les coopératives, 4,5% pour les hommes.
Les femmes sont à 80,9% à temps complet, plus que dans l’économie privée, mais toujours à 13 points d’écart en-dessous des hommes.
Il est moins important que dans le reste de l’économie privée hors ESS où 73,3% des femmes sont à temps complet contre 90,9% des hommes.
De forts écarts salariaux entre femmes et hommes dans les coopératives, mais plus resserrés que dans l’ensemble de l’ESS et du secteur privé.
Cet écart salarial est légèrement moins important que dans l’ensemble de l’économie sociale et solidaire où les hommes gagnent 15,2% de plus que les femmes. Il est également beaucoup moins élevé que dans le reste de l’économie privée (hors ESS) où les hommes gagnent 21,9% de plus que les femmes.
Gouvernance : une non-mixité importante
Dans la gouvernance des coopératives, on retrouve également une non-mixité importante, relative au poids des femmes et des hommes dans les secteurs d’activités concernés, tant dans l’emploi que dans le sociétariat. Il ne s’agit en effet pas que du sociétariat « masculin » de certains modèles coopératifs. Les coopératives qui emploient une majorité de femmes et opèrent sur des secteurs plus « féminisés » sont présidées par une minorité de femmes.
La parité existe bien dans les conseils d’administration des principales banques coopératives (entre 40 et 53% d’administratrices).
Rapport Egalité femmes-hommes dans l’ESS, 2021
Dans l’économie sociale et solidaire (ESS), cette question n’est pas nouvelle. Elle fait l’objet d’un traitement à part entière de la part du Conseil supérieur de l’économie sociale et solidaire (CSESS) dont la Commission Egalité femmes-hommes a formulé en 2017 des propositions pour améliorer la l’égalité femmes-fommes et la parité dans l’ESS. Le deuxième rapport du CSESS adopté en octobre 2021 dresse un nouvel état des lieux précis de la situation en matière d’égalité femmes-hommes et de son évolution.
Le rapport s’articule autour de 11 propositions et quatre leviers d’action pour avancer concrètement :
- Répondre aux défis genrés issus de la crise sanitaire ;
- Accompagner l’éducation et la sensibilisation aux stéréotypes de sexe dès le plus jeune âge et tout au long de la vie ;
- Favoriser la mixité des métiers de l’ESS et la qualité de vie au travail pour les femmes et les hommes ;
- Et enfin, mettre en place les conditions d’un égal accès au pouvoir et à une gouvernance équilibrée au sein des structures et réseaux.
Coop FR participe activement à ces travaux depuis 2015.