[ÉTUDE] Contrats de travail, rémunération, parité, index d’égalité professionnelle : où en sont les coopératives dans l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ?
À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes 2024 qui se tient le 8 mars prochain, Coop FR publie son étude actualisée sur l’égalité professionnelle femmes-hommes dans les coopératives, reposant sur de nombreux indicateurs (contrats de travail, rémunération, parité…). Cette nouvelle édition propose de rendre compte de manière générale de l’index d’égalité professionnelle et présente des bonnes pratiques mises en œuvre au sein des réseaux et des coopératives elles-mêmes.
Si les inégalités de genre n’échappent pas aux coopératives, pourtant basées sur le principe « une personne = une voix », l’édition 2024 de l’étude « L’égalité professionnelle femmes-hommes dans les coopératives » réalisée par l’Observatoire national d’ESS France pour Coop FR présente des différences notables par rapport au reste de l’économie privée.
Très engagée dans l’égalité femmes-hommes et la parité, Coop FR, l’organisation représentative des entreprises coopératives françaises poursuit sa mission de promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes formalisée en 2019 par une « Charte des engagements sur l’égalité femmes-hommes ».
Coop FR participe activement aux travaux de la commission Égalité femmes-hommes dans l’ESS du Conseil supérieur de l’ESS, notamment au rapport triennal dont la dernière édition a été adoptée en octobre 2021.
Principaux enseignements de l’étude 2024
Les coopératives sont un modèle entrepreneurial mixte.
Les femmes représentent 48% des emplois coopératifs, en majorité dans les activités financières et assurantielles. Les hommes sont surreprésentés dans les secteurs « primaires » (agriculture) et « secondaires » (industrie et construction).
Les distinctions genrées se retrouvent également au niveau des catégories socio-professionnelles : une concentration de femmes dans les métiers d’employés (26,7%) et au sein des professions intermédiaires (45,7%) ; les hommes aux postes d’ouvriers (28,9%), de cadres et professions intellectuelles supérieures (25,9%).
L’analyse de la répartition genrée par types de contrats de travail ne révèle pas de différences significatives entre les femmes et les hommes.
Le taux de CDI du secteur coopératif est plus important que celui du privé hors ESS, près de 90% (voire 92% pour le secteur financier), un peu supérieur à l’emploi privé (hors ESS).
En moyenne, les hommes gagnent 11,2% de plus que les femmes dans les coopératives, contre 17,9% dans le reste de l’économie privée (hors ESS).
Les hommes gagnent 22,9% de plus que les femmes dans le secteur financier. Des inégalités toutefois moins marquées que dans les autres entreprises du secteur où les hommes gagnent en moyenne 59,4% de plus ; 18,8% d’écart dans l’agriculture, 19,9% d’écart dans le commerce. En revanche, les femmes sont 18,5% à être à temps partiel contre 5,7% des hommes (+13 points). L’écart est plus faible que celui observé dans le privé hors ESS (26% contre 9,1%, +17 points).
Les inégalités de revenus s’accroissent avec l’âge :
Les hommes de moins de 25 ans gagnent légèrement moins que les femmes du même âge. Ils gagnent 22,8% de plus sur la tranche d’âge des plus de 55 ans. Un écart genré plus faible que dans le privé hors ESS.
La non-mixité importante dans la gouvernance ne s’explique pas seulement par l’effet sectoriel.
L’inégale répartition genrée des emplois coopératifs selon les secteurs d’activités (ex. : agricoles, artisanales avec un taux de présidentes respectivement de 1% et 9%) n’explique pas tout. D’autres secteurs qui observent une forte mixité de genre dans leurs effectifs salariés sont dirigés par une minorité de femmes !
L’index d’égalité professionnelle coopératif* médian se situe au-dessus de celui de l’ensemble de l’économie et varie selon la taille des entreprises coopératives.
Il est de 88 sur 100 (89 pour l’ESS, 87 pour l’ensemble de l’économie).
Plus la taille de l’entreprise coopérative est importante, plus l’index est haut. Dans les coopératives, les PME ont un index médian (80,5 sur 100) inférieur à celui des ETI (85) et des grandes entreprises (89). Ces différences se retrouvent dans l’ensemble des entreprises françaises. L’index égalité professionnel médian était de 89 sur 100 pour les 40 entreprises coopératives de 1 000 salariés ou + ayant déclaré leur index en 2020.
Les secteurs les plus féminisés ont les meilleurs résultats : les activités financières, assurantielles et juridiques (autour de 91, voire 92,5 sur 100), à l’inverse des activités des secteurs primaires ou secondaires qui sont moins mixtes (industries alimentaires 83, sylviculture et exploitations forestières 83, industries alimentaires 84,5).
*Analyse basée sur les données 2020 sur 90 sièges sociaux de coopératives ayant déclaré leur index sur les 412 sièges sociaux de plus de 50 salariés.
Les coopératives, confrontées comme l’ensemble de la société aux inégalités de genre, se mobilisent pour faire progresser l’égalité entre les femmes et les hommes.
Des clubs et réseaux de femmes ou mixtes se mettent place : « Les Elles de BPCE », « Les Elles de la Coop » (La Coopération Agricole), Coopération’ailes (Crédit Coopératif). Des parcours de formation sont développés en interne pour appuyer la promotion des femmes au sein de l’organisation, comme chez Crédit Mutuel. Des outils spécifiques sont expérimentés : le conseil d’administration d’Enercoop Normandie sélectionné par tirage au sort en 2017, un groupe métiers « Femmes Artisans Artipôle » a été créé au sein de la coopérative Triangle. Et des plans d’actions et campagne de communication et de sensibilisation sont engagés, l’OCCE a par exemple signé une convention pluriannuelle d’objectifs avec le ministère de l’Éducation nationale incluant le sujet de l’égalité entre les filles et les garçons.