Damien Lacombe, Président de Sodiaal
COOPERATIVE AGRICOLE

Damien Lacombe

Président de Sodiaal

Valoriser la forme coopérative dans la production laitière

Sodiaal est la première coopérative laitière de France. Au départ, en 1965, huit coopératives régionales se sont fédérées pour créer des marques qui soient identifiables pour la grande distribution (Candia, Yoplait). En 1990, l’idée coopérative se renforce avec la création d’une union de coopératives, pour mutualiser les moyens de production. En 2007, il n’y a plus qu’une coopérative unique, avec la disparition des coopératives régionales (mais le maintien d’antennes locales) pour répondre au développement du marché. En 2011, Sodiaal absorbe Entremont et double de taille à cette occasion. Après avoir fusionné en 2014 avec 3A Coop, elle a pris une taille européenne. L’ensemble coopératif rassemble aujourd’hui 13 200 producteurs de lait locaux pour près de 5 milliards de litres de lait collectés, et 5,4 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour 9 400 salariés.

« La fusion avec Entremont a été un moment fort pour les coopérateurs. Plus de 4 400 producteurs adhérents nous ont rejoints à cette occasion et nos administrateurs ont à l’époque rencontré tous les futurs adhérents pour leur présenter le modèle coopératif. Avec la coopérative unique de 2007, il y avait la volonté d’atteindre une taille critique et de réaffirmer nos origines coopératives, au travers desquelles chacun a les mêmes droits et les mêmes devoirs : c’était important alors que s’annonçait la fin de la politique des quotas laitiers. L’idée pour avancer était de se diversifier dans les différentes formes de valorisation du lait (fromages, ingrédients alimentaires). La fusion avec Entremont a confirmé cette volonté.

Comment se formalise la vie démocratique dans la coopérative ? Tous les adhérents qui commencent à produire du lait versent des parts sociales au prorata de leur production. Les adhérents sont présents ou se font représenter à l’AG annuelle ; en effet, il y a la fois des représentant des huit régions « historiques » et des représentants de 32 sections. Par subsidiarité, la vie coopérative s’organise d’abord au niveau local. Cela n’empêche pas qu’on se retrouve à 600 adhérents lors de l’assemblée générale pour élire le CA de 25 membres et le bureau. Il y a également l’élection des représentants dans un pôle sociétaires, pour alimenter la réflexion sur tous les thèmes coopératifs.

Nous mettons en avant trois valeurs fondamentales : le mutualisme, l’équité territoriale et l’aide aux jeunes agriculteurs. On lles retrouve dans notre actuel plan de développement 2020, qui vise à valoriser la forme coopérative dans la production laitière : démarche de développement durable au travers de la labellisation de toute la filière de la « Route du Lait », diversité des acteurs au sein de la coopérative, valorisation du lait biologique, promotion des AOP, développement de marchés à l’exportation, création de partenariats avec les autres coopératives du monde agricole en France. Au final, nous pensons qu’il y aura toujours besoin de nouveaux agriculteurs.

« On cherche à être compétitifs avec des valeurs coopératives »

La volonté de nos adhérents est aussi de poursuivre notre politique centrée sur les marques. Dans la valorisation du lait, nos marques en propre représentent 17 % des débouchés, avec 40 % pour les MDD (marques de distributeurs) et 43 % pour le BtoB et les exportations. Sodiaal Union compte un total de 9 400 salariés, dont 340 personnes travaillent au siège. Les autres salariés travaillent dans nos 70 usines et aussi sur le terrain pour nos conseillers, qui jouent le rôle d’interface entre les producteurs et la coopérative.
  
La fin des quotas peut jouer le rôle d’un renforcement de la coopérative, parce qu’elle offre des débouchés naturels et des prix du marché garantis à tous les producteurs. Nous pensons aussi que les besoins en produits laitiers vont continuer à croître dans la consommation mondiale, avec des marchés nouveaux. On cherche à être compétitifs avec des valeurs coopératives. Par ailleurs, nous sommes aussi en veille sur le réchauffement climatique, qui aura des conséquences sur les cultures de certaines régions et sur l’irrigation. »

Janvier 2016