Christine Jacglin
Créer un outil financier pour dynamiser la Troisième révolution industrielle
Le Crédit Coopératif est l’une des maisons-mères du groupe BPCE. Banque des associations et des coopératives, elle a aussi développé depuis plus de trente ans une expertise particulière dans la finance engagée, dont elle est l’un des leaders. En 2014, l’ensemble de ses ressources (dépôts, ressources obligataires, capitaux propres) s’élevait à 15,5 milliards d’euros ; ses crédits étaient affectés pour 48 % aux entreprises, 42 % à des associations et organismes d’intérêt général et 10 % aux particuliers. Elle comptait alors 327 700 clients actifs, dont 76 400 personnes morales, avec une progression de 4,5 % du nombre de clients par rapport à l’année précédente. Avec le livret Troisième révolution industrielle en Nord-Pas de Calais, premier de son genre, le Crédit Coopératif réaffirme sa mission d’innovation au service du financement de l’économie de proximité.
« Le Crédit Coopératif est une banque coopérative d’envergure nationale, mais avec un fort ancrage régional. Il se manifeste non seulement au travers de nos 73 agences, mais aussi par les conseils d’agence, les comités de région et les réunions régulières de sociétaires. L’une de ses particularités est de construire une relation ternaire tant au niveau national que des territoires, avec des partenaires institutionnels, des entreprises de l’ESS et l’éco-système du Crédit Coopératif.
Pour le livret Troisième révolution industrielle, nous avons été sollicités en 2014 par la Chambre de commerce et d’industrie de la région Nord de France, qui était en réflexion sur la transition entre le passé industriel de la région et la nouvelle révolution industrielle, théorisée par le penseur Jérémy Rifkin, lors du World Forum de Lille en 2012 : comment faire redécoller l’économie et les emplois dans la Région. , De nos échanges entre les acteurs régionaux - décideurs politiques, entrepreneurs et acteurs de l’ESS - et les équipes du Crédit Coopératif, notamment l’agence de Lille, est née cette véritable innovation financière Les idées sont venues du terrain.
A partir de là, l’ingénierie financière de la banque a pensé à utiliser le livret d’épargne pour collecter de la ressource, et l’affecter à des projets labellisés troisième révolution industrielle. Avec le livret Troisième révolution industrielle, nous garantissons aux épargnants l’utilisation de la collecte pour des projets implantés dans le Nord Pas de Calais et homologués « Troisième Révolution industrielle ». Nous nous engageons à mettre en crédit 75 % de l’épargne collectée pour des tickets entre 50 000 et 100 000 euros (avec des contre-garanties du Fonds européen d’investissement). Cette traçabilité a bien entendu pour conséquence de rendre compte à chaque épargnant de l’utilité qui est faite de son épargne, à l’instar de ce que nous pratiquons déjà pour notre gamme de livrets.
Le livret a été présenté fin 2014. Il y a eu peu de délai entre l’idée et la conception ; il est à destination à la fois du grand public et des institutionnels. Il a répondu à une attente, puisqu’en onze mois, plus d’un millier de livrets ont été ouverts pour une collecte de plus de 10 millions d’euros. Deux tiers des livrets ont été souscrits en Nord-Pas de Calais et 10 % ont été souscrits par des associations contre 90 % par des particuliers (et notamment plus de jeunes que pour les livrets classiques). Une quarantaine de dossiers d’entreprises sont déjà à l’étude pour être financés par le livret TRI, dont la construction d’une crèche bio-climatique en territoire rural, la création d’une entreprise qui conçoit des imprimantes 3D, ou une société pour le recyclage de l’huile de friture. Les comités de crédit incluent des représentants de la CCI. En 2016, un premier bilan des crédits sera présenté aux épargnants, avec par exemple des réunions qui accueilleront des entreprises ayant bénéficié du prêt Troisième révolution industrielle.
Le livret Troisième révolution industrielle agit en complément avec les autres outils financiers de la banque et d’autres financeurs solidaires. Le secteur bancaire et financier doit jouer son plein rôle pour aider l’économie territoriale à se consolider et à se développer. Financer l’économie réelle et l’économie des régions constitue à nos yeux le cœur du métier de banquier. Et la transparence, la traçabilité et l’utilisation concrète des ressources permettent de montrer aux citoyens quelle est l’utilité sociale d’une banque. Ce que nous avons construit avec la CCI Nord de France et la Région Nord-Pas de Calais est un succès car il correspond à une véritable demande de tous les acteurs. Et nous sommes déjà en train d’imaginer des livrets pour d’autres régions sur de nouvelles thématiques. »
Janvier 2016